Le docteur Hartman est un psychologue réputé dans une bonne partie du pays. Malgré son récent début dans la profession, et la reprise de la clinique de Bright Falls, il est déjà reconnu comme étant un psychiatre compétent. Sa spécialité ? L'art-thérapie. Cela consiste à aider les patients à extérioriser leurs angoisses et leur stress sous la forme de peinture, d'un poème ou d'une photographie. Au départ, cette clinique accueillait toute sorte de patients et de malades, mais dès la reprise de l'établissement par le docteur Hartman, celui-ci a décidé de renforcer son action thérapeutique sur les vrais artistes. Écrivains, poètes et peintres en tout genre, peuvent dorénavant trouver une oreille attentive, et guérir des maux des plus grands artistes -le manque d'inspiration qui les angoisse, le syndrome de la page blanche etc.

Mais pourquoi est-ce que je vous raconterais cela, s'il n'y avait pas un intérêt et un mystère derrière tout ça ?

On peut facilement se douter que le docteur Hartman n'est pas très honnête avec ses patients. Pourquoi ceux-ci n'ont-ils plus accès à leurs œuvres, même à la fin de leur séjour ? Toutes les excuses n'arrêtent pas le docteur et il les empêche de les récupérer, même pour une quelconque rétrospective sur leurs malheurs surmontés. Oui, il est sûr que le docteur Hartman, sous ses airs bienveillants, peut se cacher un escroc qui revend les œuvres des malades, mais là aussi, cela n'a pas grand intérêt de vous conter cette histoire. En effet, on peut se douter de cette réalité. Elle est même évidente pour celui qui cherche la petite bête. Mais il y a bien pire. Bien plus intéressant. Bien plus troublant.

Pour une raison inconnue, tous les artistes qui viennent à Bright Falls, refuse de quitter cette ville, qui n'offre pourtant aucun intérêt frappant. Ce n'est qu'un petit patelin, éloigné de tout, qui possède à peine un petit port pour accueillir un ferry, et elle est simplement connue pour sa fête du cerf au milieu de l'automne. Elle est certes un avantage certain pour que ces artistes puissent échapper aux fans envahissants, ou même pour se ressourcer le temps de quelques semaines. Mais comme vous le voyez, elle n'offre pas des activités ou un espace qu'on ne pourrait trouver ailleurs. Ce n'est qu'une petite ville banale. Au milieu de nul part, éloignée des grandes villes d'une centaine de kilomètres.

Néanmoins, la plupart des artistes qui ont séjourné à Bright Falls, refusent de partir. On pourrait penser à un petit caprice de star, si on n'avait pas remarqué une chose étrange dans leur comportement. En quittant la clinique, la plupart sont prit d'une inspiration folle, et ainsi ils peignent, ils construisent ou ils écrivent un univers sombre, froid... un univers remplit de ténèbres surpuissantes qui voudrait envahir le monde.

J'ai interrogé quelques habitants de Bright Falls pour en savoir plus, mais aucun d'eux ne savaient de quoi je parlais. Ils n'avaient pas l'air de trouver ça anormal, contrairement à mon point de vue de journaliste. Lorsque je me suis intéressé aux familles des artistes, elles m'ont toutes affirmés, presque sans exception, qu'effectivement le comportement de la personne concernée était étrange. Comme si elle était bipolaire. D'un instant à l'autre, elle changeait complètement de caractère. De normal, elle passait en une fraction de seconde en acharnée de travail, qui se plonge sans relâche dans son art, qui devient dès lors, plus important que sa propre famille. Puis, elle redevenait normal comme si de rien n'était, et ne se souvenait pas de ce qu'il s'était passé. Étrange.

J'en suis certain, quelque chose ne tourne pas rond dans cette ville, a priori sans problème. Comment expliquer alors que tous ces artistes soient attirés par cette ville, qui ne leur offre pourtant pas grand chose à part peut-être une légère bulle de tranquillité ? Je peux vous assurer qu'ils ne sont pas dans leur état normal, dès lors qu'ils passent les frontières de la ville. Comme s'ils étaient... possédés.